La Migration des Coincoins

En route pour Chittogarh !!! Après quelques heures nous arrivons à destination. La forteresse, vue du bas comme le menu peuple, ne parait pas impressionnante. En effet, après une montée digne de l’alpes d’huez, le site est très éparpillé et il ne reste que quelques monuments distants de plusieurs km. Cette place forte cristallise la fierté rajpoute et a été l’objet de convoitise et le lieu de drames sans précédent. Point culminant de sa rocambolesque histoire, le sort de la reine Padmini, beauté incomparable convoité par le sultan de Delhi.

Fou d’amour, ce dernier assiégea la forteresse et, dans un dernier élan chevaleresque, les hommes revêtir leur robe safran pour un épique dernier assaut et les femmes firent le johar ; en robe de noce, elles se jetèrent dans le bûcher. Treize mille d’entre elles périrent ce jour, dont la reine qui inaugura l’immolation.

Après la visite de la tour de l’arbre et un frugal repas fait de beignets patate/piment pris dans un stand très ‘’local’’ nous partons pour Bundi. En route, nous longeons les champs de pavot régis par le gouvernement pour l’industrie pharmaceutique et la médecine traditionnelle comme les Bishnoi la pratique. Bundi a bien changé depuis notre dernière visite.

Le bourg perdu ou il fallait demander la clef au gardien pour ouvrir le palais, est devenu touristique. Le charme perdure toujours et le palais, toujours un ravissement pour les yeux. Nous flânons un peu, dégustons crêpes et gaufres avant de retourner manger à l’hôtel, un charmant haveli impeccablement rénové.

Johann a passé une sale nuit et dany attaque la journée difficilement. Nous partons visiter le palais. Une toute petite partie a été rénové et est visitable. Nous entendons encore le crépitement des chauve-souris derrière les portes closes et nous sentons bien leur odeur par endroit. Ce palais devait être digne des milles et une nuit du temps de sa splendeur et nous pouvons imaginer les salles de repos entourant la place centrale couverte d’eau, avec des jets, des fontaines et des bassins. Dany rentre prendre un peu de repos pendant que nous filons visiter les puits très très richement sculptés avec les enfants.

Nous finirons la soirée sans un resto italien, autour d’une bonne bière et pizza.

Nous partons pour Fatepur sikri. Nous nous enfonçons un peu plus dans la campagne indienne et sa réalité. La sècheresse a déjà fait son œuvre et lacs et rivières sont déjà à sec. Les premières gouttes de pluie n’arriveront que dans plusieurs mois. Les maigres troupeaux paissent dans des plaines arides et s’abreuvent dans des mares boueuses. Au croisement des villages, les hommes attendent un hypothétique travail journalier qui ne viendra pas tandis que femmes et enfants s’agglutinent autour des puits gouvernementaux afin de laver corps et vêtements et de ravitailler la maisonnée. Nous croisons peu de construction digne de ce nom et les maisons de village s’assimilent plus à un bric à brac ressemblant à un bidonville. Les méfaits de la société de consommation sont bien visibles et les amas d’emballage et autres détritus plastiques s’amoncèle un peu partout. Quelques fois nous traversons des bourgs plus important muent généralement par une industrie souvent très polluante (cimenterie, carrière de pierre…). Nous sommes loin de l’image hight tech que le gouvernement cherche à promouvoir et dans les campagnes, la déscolarisation est encore massive, l’eau courante et l’assainissement absents et l’électricité un bien rare.

Nous passerons la journée en route, faute à une manifestation bloquant l’autoroute. Une caste privilégiée demande des quotas supplémentaires dans les hautes écoles, l’administration et la police. Le système des castes est encore tout puissant dans ce pays qui se veut pourtant démocratique.

Nous partirons au petit matin pour la visite de la capitale abandonnée de Fatepur Sikri (15 ans). La mosquée est gigantesque et nous déambulerons seul dans le palais. Nous poserons pour la photo autour du pilier ou 15 ans auparavant nous avions déjà soulevé la jambe dans ce geste ridicule, avec nos amis que nous nommons  »les indiens » depuis.

Une courtes route et des embuteillages plus tard nous arrivons à Agra. Près de notre hôtel Basil Inn (très basique) nous parcourons une foire avec stands et manèges et dégustons un très bon tandoori et des boulettes de mouton. Demain c’est levé à l’aube pour le Taj Mahal.